La thèse de l’accident de manipulation est celle qui semble avoir été retenue en priorité par le SRPJ a qui a été confiée l’enquête. Toutefois, des témoignages de l’intérieur même de l’usine ouvrent la piste à une autre hypothèse..
Jacques Chirac, sur les lieux mêmes de l’explosion, a déclaré vendredi au milieu de l’après-midi : « Les données actuelles permettent de penser qu’il s’agit d’un accident de manipulation. » Quasiment au même moment, le procureur de la République, Michel Bréard, s’est montré plus réservé quant aux causes du drame : « Je n’ai pas d’explications à l’heure actuelle. Deux experts ont été dépêchés sur place. »
Quelle est la cause exacte de la tragédie ? Sans doute faudra-t-il attendre plusieurs jours avant de la connaître avec précision. Toujours est-il que, dans un premier temps, c’est bien la thèse de l’accident de manipulation qui a été officiellement avancée et sur laquelle vont travailler les inspecteurs du service régional de police judiciaire (SRPJ). D’ailleurs, tout bon Toulousain qui se respecte redoutait un tel accident de manipulation depuis que l’usine a été édifiée, au lendemain de la Première Guerre mondiale. Et l’on sait que l’homme n’est pas infaillible, que l’erreur est humaine. Toutefois, en contrepoint de cette piste, on ne peut éliminer totalement celle de l’attentat. Surtout au lendemain de ceux qui ont ravagé les tours jumelles du World Trade Center à New York, il y a onze jours exactement. S’ils n’ont pas prononcé ce mot, les trois ouvriers d’AZF que nous avons rencontrés et qui travaillaient dans le silo même de nitrate où s’est a priori produit l’explosion, affirment qu’aucune erreur de manipulation ne peut causer une telle catastrophe (lire ci-dessous). L’un d’eux se souvient avoir vu la foudre tomber sur le silo il y a quelques années et le feu s’y déclarer, sans que cela entraîne une quelconque explosion. Dans les circonstances actuelles, on ne saurait ajouter à la psychose qui étreint le monde entier.
Mais l’affirmation de TF1 dans le journal de 13 h, vendredi, selon laquelle une commission de sécurité aurait inspecté les lieux il y a peu et aurait jugé qu’on pouvait y pénétrer sans subir de sévères contrôles ne peut qu’ajouter à la suspicion à propos des raisons pour lesquelles, le 28 octobre 2001, à 10 h 15, la Grande Paroisse est devenue le tombeau que Toulouse redoutait depuis 80 ans. Il est certain que dans les heures prochaines, une fois que les sauveteurs auront achevé de retirer des décombres les survivants qui peuvent encore s’y trouver, les débris seront examinés de très prés par les enquêteurs.
J.-P. R.
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